Avec virtuosité, le père Emmanuel nous offre la dernière lettre de l’alphabet de son #abécédaireduconfinement. Voici le Z de “Zoom”
On n’aime pas beaucoup qu’on zoome sur une photo de nous …de peur que des détails fâcheux apparaissent ... ! Et c’est la panique quand un ami en prend l’initiative en rigolant ☹ !
Mais depuis quelques semaines, le mot zoom évoque une autre réalité ! Il s’agit plutôt de réunions mais aussi d’apéros, de chants, de concerts et même de célébration et de prière, chacun restant chez soi. Un petit miracle de se voir tous dans des petites fenêtres sur l’écran et de réfléchir, de trinquer, de chanter ensemble malgré la distance.
A travers cela, se manifeste le besoin d’être ensemble et ces jours-ci, le psaume 133 me revient souvent à l’esprit : « Oh ! qu'il est agréable, qu'il est doux pour des frères de demeurer ensemble ! C'est comme l'huile précieuse qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe, sur la barbe d'Aaron ».
Et je me suis mis à espérer qu’après le confinement, les paroissiens cesseront de se répartir le plus loin possible les uns des autres, occupant le maximum d’espace ! Qu’ils se serreront vraiment les mains fraternellement plutôt que de concéder un timide signe de tête comme s’ils avaient un lumbago ! Qu’aucune réunion ne sera gâchée par les caprices, les susceptibilités ou les francs-tireurs…. Car c’est doux de demeurer ensemble. Nous le savons encore mieux maintenant !
Que l’huile de l’amitié coule bientôt sur nos têtes, surtout celles avec des cheveux gris.
U comme "utiliser sa conscience" s'ajoute aujourd'hui à l'#abécédaireduconfinement
Comme il est étrange de signer soi-même son attestation de déplacement dérogatoire. Un peu comme le sentiment de devoir signer son propre carnet de notes … ! Un peu comme la responsabilité de sentir le moment venu de lever sa propre punition : « Tu reviendras quand tu seras calmé… ! » me disait-on enfant …
Finalement, il est difficile d’être vraiment responsable et d’agir selon sa conscience, en vérité.
Une conscience trop dure peut vite devenir scrupule et même violence.
Une conscience trop lâche peut rapidement glisser vers le laxisme et l’égoïsme.
Discerner ! Ce verbe devient essentiel dans ces temps troublés.
Le pape François, en bon jésuite, appelle souvent à discerner ! « A travers tout ce que nous entendons, tout ce qui nous arrive, nous devons apprendre à reconnaître ce que nous demande le Christ….Le monde dans lequel nous vivons nous oblige à développer une capacité profonde à discerner ... Discerner, parmi toutes les voix, quelle est la voix du Seigneur, la voix de Celui qui nous conduit à la Résurrection, à la Vie, celle qui nous empêche de tomber dans la « culture de la mort » (mars 2018).
Ce confinement nous offre la belle occasion de faire preuve de discernement sur nos vies et sur ce que le Seigneur attend de nous. Et comme tout discernement s’inscrit dans la prière….
K comme Kilomètres
Le compteur de notre voiture indique bien peu de nouveaux kilomètres et le nombre de pas quotidiens affiché par nos applis n’est pas davantage spectaculaire…
Si nomade d’habitude, nous voici davantage sédentaires. D’habitude agités, affairés, pressés, manquant de temps en permanence, courant même, nous voici contraints … à la lenteur !
Nous sommes parfois comme cet homme qui descend rapidement le chemin mais dont on ne sait pas s’il tire la charrette ou s’il est entrainé par elle, sans plus la contrôler.
Ce qui frappe dans un monastère, c’est la lenteur des moines, de leurs gestes, de leurs paroles. Une lenteur voulue, fruit d’un combat sûrement, pour mieux goûter les choses… pour habiter chaque moment.
Un jour, devant aider à mettre la table dans un foyer de Charité dans les Alpes, je faisais preuve de rapidité et d’efficacité pour gagner du temps quitte à ce que les couverts ne soient pas vraiment bien disposés…
Une consacrée m’a « repris » gentiment en m’invitant à prier pour chaque personne qui les utiliserait le soir même. Un peu vexé, ma première réaction a été de faire le calcul dans ma tête (nous étions 230 retraitants ! pour évaluer le temps perdu… oh pardon, gagné !
Puis j’ai pensé à ce marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif -on en avale une par semaine et l'on n'éprouve plus le besoin de boire – qui vient à en offrir au Petit Prince en lui expliquant la grosse économie de temps. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine. "Moi, se dit le petit prince, si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine..."
Et je me demande si tous ces kilomètres de l’avant confinement sont bien utiles ? Si nous serons encore emmenés par la charrette hors de contrôle quand notre vie folle reprendra. Si nos compteurs vont s’emballer à nouveau … Si nous serons encore dominés par le temps, sous peine de ne plus savoir le donner … Ou si nous saurons marcher doucement vers une fontaine ou mieux encore une source ….
« Où cours-tu, le Ciel est en toi ? Si tu cherches Dieu ailleurs, tu le manques à tous les coups » Angelus Silesius Le pèlerin chérubinique
XXL comme la foi de Van Thuan
Prisonnier politique du régime communiste pendant 13 ans, dont 9 en confinement, l’archevêque de Saïgon qui deviendra le cardinal François Xavier Nguyen Van Thuan célébrait la Messe en secret avec une goutte de vin dans la paume de sa main. Certains des gardiens furent si touchés par son exemple qu’ils se convertirent plus tard au christianisme. Les textes spirituels qu’il a écrits en prison ont fait le tour du monde et ont donné de l’espoir à des millions de personnes.
Comment expliquer le déclic qui se produisit dans son cœur après quelques années d’emprisonnement ? Longtemps, il attendit fiévreusement chaque jour la fin de sa terrible épreuve… guettant chaque signe, chaque parole… Puis, un jour, il renonça à s’évertuer à demander sa libération. Aucune résignation mais son choix fut alors de vivre le moment présent en le comblant d’amour : « Je saisis les occasions qui se présentent chaque jour, pour accomplir les actes ordinaires de façon extraordinaire ».
Je ne sais s’il connaissait Sainte Marguerite de Grandchamp mais à coup-sûr, il co-signerait sa prière : « Vis le jour d‘aujourd’hui, Dieu te le donne. Il est à toi. Vis-le en Lui. Le jour de demain est à Dieu. Il ne t’appartient pas. Ne reporte pas sur demain le souci d’aujourd’hui. Demain est à Dieu, remets-le Lui. Le moment présent est une frêle passerelle. Si tu la charges des regrets d’hier, de l’inquiétude de demain, la passerelle cède et tu perds pied. Et s’il y a lieu de t’inquiéter pour un être bien-aimé, regarde-le dans la lumière du Christ Ressuscité… »
Dans l’#abécédaireduconfinement, voici le Y pour “Yeux”
Il suffit de les ouvrir pour découvrir ceux que le pape François appelle les Saints de la Porte d’à-côtés, tant ils sont nombreux ! Ni béatifiés, ni canonisés, souvent inconnus…, ces hommes et ces femmes sont de vrais visages de sainteté en ce temps de pandémie. Comment ne pas s’émerveiller devant le personnel de certaines EHPAD qui se laisse « enfermer » dans l’établissement pour ne pas mettre en danger les personnes âgées ? Ces infirmières, aides-soignantes etc… et tant d‘autres feraient partie de la belle liste que le pape François dresse dans sa récente Exhortation apostolique sur la sainteté (numéro 7) s’il venait à la compléter aujourd’hui.
Le pape François confie que les saints « officiels » sont des témoins utiles pour nous encourager et nous motiver, mais non pas pour que nous les copiions, car cela pourrait même nous éloigner de la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous. Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (1 Corinthiens 12, 7).
La question est peut-être celle-là : quelle sera ma façon unique et personnelle d’être saint durant ce confinement qui s’allonge ? Ma patience ? Ma joie ? Ma sérénité ? Ma prière ? Mon action ? Mon attention aux autres ? Mon Espérance ? En tous cas, ma constance à aller de l’avant comme le rappelle souvent le pape François !
E comme Espace ou Etre positif
Ne pas voir le confinement comme un contrainte ou un problème mais comme une solution ! C’est Jean-François Clervoy, ingénieur et astronaute à l’Agence spatiale européenne (ESA) qui donne ce conseil sur « Numerama ». A trois reprises, il a réalisé des vols spatiaux à bord de navettes. Ce difficile confinement dans l’espace a bien-sûr sa raison d’être, écrit l’astronaute. Et il en est même pour ce confinement qui nous est imposé… sur le plancher des vaches ! « Ce qu’il faut, c’est essayer de penser positif. On est formatés, en tant qu’astronautes, à être des solutionneurs de problèmes. On pense « où est la solution ?». Il faut consacrer son esprit à trouver des solutions. ».
Un autre astronaute français, Thomas Pesquet explique dans « 20 minutes » qu’il n’a pas pu rejoindre Houston pour reprendre l'entraînement pour sa future mission dans l’espace. Bloqué chez lui, il partage sur les réseaux sociaux son « tuto confinement ». Méditant sur ses missions dans l’espace, il confesse qu’il en revient toujours différent. Qu’il prend un recul qu’on ne peut pas prendre sur terre. De là-haut, on voit les choses différemment…
Sûrement, ces témoignages de deux habitués de la hauteur peuvent-ils être reliés… Ils nous aident à voir le confinement comme une solution ! Pour lutter contre le Coronavirus et aussi pour prendre du recul sur nos vies, sur ce qui nous fait courir, sur nos priorités, sur ce qui est sacré pour nous… Et si on prenait un peu de hauteur pour mieux voir ?
L de lever de confinement !
Fin de confinement pour le Christ mort. Il jaillit du tombeau ! Libre et Vainqueur !
Fin de confinement pour les disciples qui avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Jean 20,19
Et si c’était cela le mystère de Pâques ! Le Christ Ressuscité qui entre en douceur dans ce qui est le plus verrouillé en nous pour y apporter le baume de sa paix. Le Christ Ressuscité qui nous sort de l’enfermement de notre péché, de nos peurs, de nos hontes, de nos impasses …
Dans une lettre « Adore et confie-toi », le père Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), jésuite, géologue, paléontologue … adresse ces paroles lumineuses à sa correspondante : « Tout ce qui te rétrécit et t’agite est faux, au nom des lois de la vie, au nom des promesses de Dieu ».
Plus que jamais, nous avons besoin d’être libérés de ce qui nous rétrécit et nous agite ! Et le danger serait sûrement de ne penser qu’à la crise actuelle. Comme si un simple retour en arrière suffisait pour réparer la situation ! Ce n’est pas uniquement de ce virus dont nous avons besoin d’être libéré. Il y en a bien d’autres qui déciment la planète et nos cœurs et auxquels nous nous sommes trop habitués… Il y a tant de choses qui rétrécissent nos vies et surtout celles des plus faibles !
Lève-toi, Christ Ressuscité jailli du tombeau et fais resplendir sur nous ta Lumière !
[Avec l’autorisation de @christophecharbonnel_officiel pour son Christ en gloire]
J comme Jonas
Je n’ose même pas imaginer !!!! Trois jours et trois nuits dans le ventre d’un poisson !!! Le pire des confinements. Ce n’est pas à cause d’un virus que Jonas doit supporter cette épreuve mais bien parce qu’il a roulé Dieu !
Envoyé en mission à Ninive (ville païenne), il fait mine d’accepter mais prend la fuite par la mer. Cependant, le bateau essuie une terrible tempête et les marins décident alors de tirer au sort pour connaître le responsable de ce malheur. Jonas est désigné puis jeté par-dessus bord. A l’instant même, la mer s’apaise. Et, nous dit la parabole, L'Eternel fit venir un grand poisson pour avaler Jonas, qui resta trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson. Captif, il a le temps et surtout la motivation pour prier le Seigneur … et Lui confier humblement sa vie ! Il est alors vomi par l’animal et peut rejoindre la terre. Son confinement est fini !
Peu de chance que cet évènement se soit vraiment déroulé mais le sens de cette histoire est beau ! On comprend aisément que ces trois jours et ces trois nuits évoquent la mise au tombeau de Jésus « Car, comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. » (Evangile de Matthieu 12,40).
Finalement, pour Jonas qui ne voulait faire que sa propre volonté, quitte à ne pas faire celle de Dieu, ce confinement est une conversion. Il accepte de mourir à une vie centrée sur elle-même pour naître à une vie selon le cœur de Dieu. Finalement, il est « baptisé dans la mort du Christ » selon l’expression de Saint Paul (Lettre aux Romains 6,3).
Il y a tellement de choses qui doivent mourir en nous pour que de plus belles apparaissent et que la Vie surgisse.
Avec le Vendredi SAINT, le “I” de INRI rejoint l’#abécédaireduconfinement
« Pilate fit graver une inscription, qu'il plaça sur la croix, et qui était ainsi conçue : Jésus le Nazaréen, roi des Juifs » Évangile selon Jean 19,19. En latin : « Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum ».
Quelques instants après, Jésus rendra l’Esprit et de son côté transpercé, jailliront l’eau et le sang. La tradition de l’Eglise y voit l’image du baptême (eau) et de l’eucharistie (sang) et finalement de ces merveilleux cadeaux que sont les sacrements.
Quel manque pour les fidèles d’être privés de l’eucharistie et de ne plus recevoir le Corps du Christ chaque dimanche !
Quel manque de ne pas pouvoir recevoir le pardon de Dieu à l’approche de Pâques ! Car cette eau jaillie du côté transpercé est aussi celle du sacrement du pardon. Ce sont nos péchés que le Christ a portés sur la croix
Quel manque de ne plus pouvoir être touché par la grâce des sacrements ! Notre religion n’est pas une religion du Livre mais de l’Incarnation. A travers les sacrements, Jésus lui-même nous touche, comme il a touché (ex : guérison de l’aveugle en Marc 7) et a été touché (ex le disciple aimé durant la Cène en Jean 13) si souvent dans les Evangiles.
Le dominicain anglais Timothy Radcliffe dans un interview au journal La Croix décrit comment l’actuelle crise sanitaire bouleverse au plus profond notre relation aux autres car elle affecte « le toucher (qui) est la nourriture de notre humanité ». Comme il est difficile de devoir s’écarter les uns des autres pour lutter contre le virus. Comme il est traumatisant pour ceux qui ont perdu un être cher de ne plus pouvoir se prendre dans les bras les uns les autres et s’embrasser lors des funérailles en toute petite assemblée...
Oui, toucher est une nourriture … y compris dans notre foi !
Pour la lettre T, le père Emmanuel propose de nous reposer en Dieu pour cette entrée dans le Triduum Pascal. #abécédaireduconfinement
Le coronavirus n’existait pas encore ! Nous sommes au XI° siècle. Saint Anselme de Canterbury surnommé « le nouvel Augustin », moine de l’abbaye normande du Bec-Hellouin puis Archevêque de Canterbury écrit cette prière qui a traversé les siècles :
« Et maintenant, homme de rien, fuis un moment tes occupations, cache toi un peu de tes pensées tumultueuses. Rejette maintenant tes pesants soucis, et remets à plus tard tes tensions laborieuses. Vaque quelque peu à Dieu, et repose-toi quelque peu en Lui. Entre dans la cellule de ton âme, exclus tout hormis Dieu et ce qui t'aide à le chercher ; porte fermée, cherche-le. ».
Reste chez toi, semble dire Saint Anselme. Et il précise le « chez toi » ! Pas d’abord ta maison, pas d’abord ton jardin si tu as la chance d’en avoir un, pas d’abord ta chambre… mais la cellule de ton âme !
Même en confinement (ce mot que nous utilisions si peu il y a encore quelques semaines), on peut vivre très occupé, voire affairé et comme hors de son cœur… ! Même en confinement, on peut ne pas se reposer en Dieu.
D de découragement
Il y a aussi les skippers des grandes courses en solitaire. A leur façon et durant de longues semaines, ils vivent une forme de confinement dans leurs bateaux, parcourant les océans.
Jérémie Beyou reconnait qu’en mer, les périodes de découragement arrivent fréquemment et que l'erreur est de se laisser aller. La moindre chose qui traîne est mouillée et ne peut plus servir. Ce triple vainqueur de la Solitaire du Figaro raconte sur la chaine LCI que durant les phases de préparation, les skippers très afférés peuvent vite oublier les personnes qui les entourent. Seule compte la course à venir. Et c’est seulement en mer qu’ils le réalisent… Fort de cette expérience, il se dit que la période que nous vivons est l'occasion d'appuyer sur pause et de profiter de nos proches.
Trois fois sur le podium du Vendée globe dont une fois sur la plus haute marche, Armel le Cléac’h sait que dans l’espace confiné d’un bateau, il y a moins de choses autour de soi, moins de sollicitations extérieures et qu’il aura plus de temps pour lui. Un vrai luxe dans un monde hyper connecté et rapide ! Et comme Jérémie Beyou, il en tire un enseignement pour ce temps de confinement : "À terre, dans la vie de tous les jours, les journées passent très vite. Le soir, on est fatigué après avoir rempli toutes nos obligations, et finalement, même le livre qu'on aimerait bouquiner, on n'a pas le temps de lire. Là, au lieu de rester dans mon canapé, j'essaie d'avancer et de faire des choses. Le temps que je vais utiliser maintenant je l'aurais peut-être moins quand le cours normal de la vie reprendra."
Alors, appuyons sur pause ! Profitons de ceux qui nous entourent ! Prenons le temps de lire !
H comme hupomonê
Dans un petit traité spirituel, « L’art de durer », le père Dominique Hermant s’attarde sur deux mots bibliques désignant le souffle.
Il y a le souffle court du sprinter qui déploie un effort violent. Le mot qui l’évoque vient du verbe grec : hupomonein . Il signifie durer (menein) sous (hupo). On peut parler d’endurance. Plus largement, il s’agit de résister quand quelque chose nous tombe dessus, d’avoir la force de tenir bon malgré tout.
De nombreux passages dans la Bible évoquent des situations dans lesquelles l’endurance est mise à l’épreuve. On pense par exemple au peuple de Dieu dans le désert, aux prophètes persécutés, à Job, à Tobit, à David, aux sept frères et leur mère (2° livre des Maccabées chapitre 7), à Paul, à Jésus lui-même…
Il y a aussi le souffle long et de longue haleine du marathonien (attention, pas plus d’une heure et à moins d’un kilomètre). Le mot qui l’évoque vient aussi du grec : makrothumia qui signifie le souffle (thumos) long (makros). On peut parler de patience quand le temps s’éternise. Plus largement, il s’agit de rester fidèle et vivant malgré tout.
De nombreux passages dans la Bible évoquent des situations dans lesquelles la patience est malmenée. On pense par exemple à Abraham, à Noé, à Joseph (Exode 40,23) … et à Jacob qui doit attendre 14 ans avant d’épouser Rachel dont il est profondément amoureux ... Mais ces années lui parurent « quelques jours tant il l’aimait » (Genèse 29,20). Dans le Nouveau testament, on admire la patience de Syméon, de Paul, et bien-sûr celle de Jésus lui-même…
Dans la vie spirituelle et plus encore en temps de confinement, il faut faire preuve de makrothumia et durer sous (hupomonein). Pas d’abord par la volonté et les efforts mais par amour ! Dans l’hymne à la Charité (1 Co 13), Saint Paul commence sa méditation par « l’amour prend patience » et la termine par « l’amour qui endure tout ». Car s’il me manque l’amour, cela ne sert de rien.
V comme vingt contre un
ESARINTULOMDPCFBVHGJQZYXKW… alphabet surprenant ! C’est celui qu’utilise Claude Mendibil pour permettre à Jean-Dominique Bauby d’écrire un livre relatant son histoire. Victime d’un accident vasculaire à 43 ans, ce journaliste souffre du locked-in syndrome, ou syndrome d'enfermement. Enfermé dans un corps ne répondant plus à son esprit, il ne peut que cligner de l’œil gauche pour valider la lettre de son choix. Et petit à petit, lettre par lettre, le livre est écrit : « le scaphandre et le papillon » !
Jean-Dominique raconte grâce à cet œil, seul moyen de communication avec le monde, son expérience de confinement… et notamment ce dimanche de courses de chevaux à Vincennes. Jean-Dominique Bauby doit aller parier à vingt contre un toute une liasse de billets que la rédaction du journal lui a confiée…. Un excellent tuyau leur a été donné. Mais il flâne en chemin (c’est si bon de flâner quand on le peut…) et le guichet se ferme devant lui. Mithra-Granchamp, le cheval sur lequel il devait parier, se détache dans la dernière ligne et gagne… Mais pas les journalistes car rien n’a été misé !
Comme un papillon, ce souvenir revient à l’esprit de Jean-Dominique couché sur son lit d’hôpital à Berck. Il laisse comme une trace douloureuse. Celle des occasions manquées, des personnes qu’on n’a pas su aimer, des chances qu’on n’a pas voulu saisir, des instants de bonheur qu’on a laissés s’envoler.
Et si nous faisions le pari de ne plus manquer ces instants quand nous pourrons retirer nos (légers) scaphandres…
C comme consentir plutôt que de subir
« Laisse tomber, Geneviève, ta route est finie » …. Le désespoir a envahi cette sœur auxiliatrice épuisée par la maladie. Mais soudain, explique-t-elle, surgissent dans sa pensée ces millions de frères de toujours et partout qui attendent, en suppliant, son oui à la vie afin que l’espérance continue. Malgré la fièvre, elle se lève dans un effort immense. Debout, elle consent….
Pas un instant, sœur Geneviève des Portes ne se réjouira de souffrir. La maladie reste un mal absolu. Son choix n’est pas davantage celui de la résignation et encore moins celui de l’autruche qui refuse de voir la gravité. Mais elle pose un acte de liberté et offre à Dieu un « acquiescement humble et un peu tremblant » avant de rejoindre le Ciel à 63 ans.
CONSENTIR et non SUBIR ! Consentir à ce confinement, à cette crise mondiale… mais aussi à tout ce qui s’impose à nous, à tout ce que la vie ne nous a pas donné ou nous a repris … Consentir pour ne pas subir et pour rester libres ! Un psychanalyste, Carl Jung, écrit que ce que nous nions nous soumet tandis que ce que nous acceptons, nous transforme. A méditer !
S de Sous-mariniers
Ce sont des professionnels du confinement ! Plusieurs mois sans remonter, à quelques centaines de mètres sous l’eau, coupés du monde ! Aucune attestation de déplacement dérogatoire ne leur sera utile… Impossible de sortir pour un jogging à moins d’un kilomètre ou de prétexter des courses pour fuir un instant le confinement ! L’enfermement, ils connaissent. Ils peuvent en parler.
Et le capitaine de vaisseau Nicolas Lambropoulos en parle sur Europe 1, expliquant que la camaraderie des sous-mariniers durant leurs missions suppose que chacun porte une attention particulière aux autres et fasse des efforts pour maitriser son caractère : « ne pas faire subir sa colère, sa fatigue, sa mauvaise humeur. Sinon cela devient vite un enfer".
Le jeune Saint Paul invite les premiers chrétiens à ne jamais se mettre en colère. Plus âgé et plus réaliste, son conseil évolue : « Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère » Ephésiens 4,26.
Ce confinement et ce fichu virus peuvent légitimement faire naître en nous stress, angoisse, tristesse et colère. L’enjeu est de les gérer … sans la déverser sur les proches… sans qu’ils ne deviennent des boucs émissaires.
Il s’agit aussi d’un combat spirituel !
B de bravo ou de Berardelli
« O n saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres, caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau ? Ou le pire ou le plus beau ?» chante Goldman (dans "Né en 17 à Leidenstadt").
En tous cas, on sait maintenant ce qu’il y a dans le cœur de Don Giuseppe Berardelli, curé de Casnigo, proche de Bergame (Italie). Et c’est le plus beau ! Comme beaucoup d’habitants de sa paroisse, il est atteint par le virus et peine à s’oxygéner. Mais ce prêtre de 72 ans au sourire généreux refuse le respirateur artificiel offert par ses paroissiens. Il en cède même l’usage à un patient plus jeune gravement atteint et dont il ignore l’identité.
Don Giuseppe s’est éteint peu après, dans la nuit du 15 au 16 mars, dans un hôpital de Lovere, sur les rives du lac d’Iseo.
« Lors de ses funérailles, les habitants confinés de Casnigo n’ont pu qu’applaudir longuement son cercueil depuis leur balcon, lui rendant ainsi le plus émouvant des hommages. Son geste admirable évoque bien sûr le sacrifice de Saint Maximilien Kolbe qui, en 1941, au camp d’Auschwitz, avait volontairement pris la place d’un jeune père de famille condamné à mort » (Hebdomadaire France Catholique).
« Ces jours-ci, des prêtres, des médecins sont décédés. De nombreuses infirmières sont infectées pour avoir été au service des malades. Je remercie Dieu pour leur exemple d’héroïsme dans le traitement des malades. Prions ensemble pour eux et pour leurs familles » demande le pape François le 24 mars.
C’est vous aussi qu’on applaudit chaque soir, Don Berardelli ! Respect !
W comme WU
Lettre difficile à placer au scrabble, même si elle donne beaucoup de points ! WU (dont j’ignore totalement le sens !) est l’un des rares mots que l’on puisse faire.
Même difficulté avec cette lettre pour ce chant de veillée « L’alphabet scout » qui se termine avec humour : « et on n’a rien trouvé pour W ! »
En tous cas, on espère de tout cœur que les chercheurs du monde entier trouveront une molécule contre ce virus, et contre tant d’autres maladies qui abîment tellement de vies. Nous sommes comme suspendus aux résultats de leurs travaux …. guettant la moindre bonne nouvelle.
Comme il est difficile à vivre, ce sentiment d’impuissance… ! L’obligation d’attendre patiemment d’autres personnes la solution, les mesures à prendre, les règles à observer… Notre besoin de tout maîtriser et tout contrôler est mis à mal, presque balayé.
Mais tant d’hommes et de femmes le vivent au quotidien à cause d’une maladie ou d’une place sociale dévalorisante, etc….
Il y a sûrement un pas spirituel à faire… pour accepter notre non toute-puissance, pour accepter de dépendre des autres… pour devenir plus humble (la racine de ce mot vient d’humus -terre-). Comme notre père Adam, le terreux.
M de "Moise et les Amalécites"
Tous les soirs, à 20h… aux balcons, les confinés réapparaissent, sortent de leurs tanières, frappent des mains, tapent dans des casseroles, jouent de la musique ! Tout cela pour remercier et encourager ceux qui s’exposent pour soigner et accompagner les malades. Moments de grande émotion qui donnent le frisson et réchauffent le cœur.
Il y a bien longtemps, les Amalécites vinrent combattre Israël à Rephidim dans la plaine. Moïse monta sur la colline, le bâton de Dieu dans la main, pendant que ses troupes combattaient Amalek. Lorsque Moïse levait la main, Israël était le plus fort et lorsqu'il baissait la main, Amalek était le plus fort. Comme les mains de Moïse devenaient lourdes de fatigue, ils prirent une pierre qu'ils placèrent sous lui et il s'assit dessus. Aaron et Hur soutenaient ses mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Ainsi, elles restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil (Exode chapitre 17).
Lever les mains vers Dieu comme Moïse (dans un geste de prière et de supplication) pour rendre plus forts ceux qu’on applaudit le soir à 20h, les porter dans la prière et nous soutenir les uns les autres quand nos mains deviennent lourdes de fatigues et la prière plus difficiles.
N de nature ou P de Printemps
Chaque année, je regrette de ne pas profiter assez du miracle du printemps, de ne l’apercevoir rapidement qu’au volant d’une voiture. De ne pas suffisamment me rendre compte de la beauté de la création qui est en train de redémarrer, des fleurs et des feuilles qui s’ouvrent, timidement d’abord puis avec tant de générosité et d’éclat.
Et cette année, voilà qu’étonnement l’occasion est donnée d’admirer plus longuement la renaissance de la nature. Et Dieu que c’est bon !
Elle n’est pas rancunière, la nature. Chaque printemps, elle nous émerveille. Chaque année, elle chasse les jours courts et tristes et ressuscite la vie !
Chaque année, elle nous dit que tout possible, que tout peut redémarrer et que la mort n’a pas le dernier mot.
Elle n’est pas rancunière, cette nature qu’on abime, qu’on méprise à longueur de jours…
Elle aurait pu exercer un droit de retrait, une rétention de joie et de beauté en représailles.
Non, généreusement, elle donne le meilleur d’elle, sans compter et sans réserve, et nous invite à l’espérance.
« Entendre chaque créature chanter l’hymne de son existence, c’est vivre joyeusement dans l’amour de Dieu et dans l’espérance. » (Le pape François citant dans son encyclique "Laudato Si" les évêques du Japon)
S de seul ! Penser à ceux qui sont seuls !
Le message est insistant : "Pensez aux membres de vos familles, aux personnes vulnérables et âgées. Téléphonez-leur ! Prenez de leurs nouvelles".
Il était le même durant les alertes canicule. Un appel à la vigilance et à l’attention plus que bienvenu !
Dommage qu’il faille attendre des difficultés et des épreuves pour penser davantage à ceux qu’on aime, à ceux qui sont isolés et vulnérables.
Bien-sûr que le virus les menace plus que les autres. Bien-sûr qu’ils ont besoin qu’on veille sur eux, qu’on se préoccupe d’eux en cette période troublée.
Mais la solitude est un sale virus… qui ne vient pas de Chine ! Et il ne date pas de quelques mois ! Durant un pèlerinage à Lourdes, une grand’mère me disait : « Il n’y a qu’ici qu’on m’embrasse » …. alors que ses enfants et petits-enfants habitent le même village….
Si l’après-virus pouvait changer un peu nos coeurs ….!
F comme Force
Dans une conférence, Sœur Irène Devos, alors première femme aumônier de prison à Loos, raconte sa visite à une détenue qui doit subir une longue peine au mitard. Une prison dans la prison, avec isolement presque total. Cette femme s’écroule en larmes : « Je n’aurais jamais la force de tenir… ! »
« Oui, tu n’as pas la force pour tenir ces 4 semaines » répond de façon déconcertante Sœur Irène à cette femme qui espérait sûrement un encouragement immédiat…. « Mais demande à Dieu la force pour aujourd’hui et demain tu lui demanderas la force pour tenir demain… ».
La petite Bernadette de Lourdes, demandait à Jésus « le pain de l’humilité, le pain d’obéissance, le pain de charité, … le pain de patience pour supporter les peines que mon cœur souffre … J’ai espéré en vous Seigneur. Soyez ma maison de refuge car vous êtes ma force ».
Donne-moi le pain quotidien, Seigneur. Un pain de patience et d’endurance… Un pain dont on ne peut pas faire de réserve, comme pour la manne quotidienne dans le désert (Exode chapitre 16 verset 19).
Donne-moi surtout le pain de charité.
R comme Restez chez vous [ou Rest’ at baraque]
Aujourd’hui, notre abécédaire s’enrichit d’une prière d'un prêtre italien en quarantaine dont le frère prêtre est mort du covid-19.
“JE RESTE À LA MAISON, SEIGNEUR !"
Je reste à la maison, Seigneur ! Et aujourd'hui, je m'en rends compte, tu m'as appris cela, demeurant obéissant au Père, pendant trente ans dans la maison de Nazareth, en attente de la grande mission.
Je reste à la maison, Seigneur, et dans l'atelier de Joseph, ton gardien et le mien, j'apprends à travailler, à obéir, pour arrondir les angles de ma vie et te préparer une œuvre d'art.
Je reste à la maison, Seigneur ! Et je sais que je ne suis pas seul parce que Marie, comme toute mère, est dans la pièce à côté, en train de faire des corvées et de préparer le déjeuner pour nous tous, la famille de Dieu.
Je reste à la maison, Seigneur ! Et je le fais de manière responsable pour mon propre bien, pour la santé de ma ville, de mes proches, et pour le bien de mon frère, que tu as mis à côté de moi, me demandant de m'en occuper dans le jardin de la vie.
Je reste à la maison, Seigneur ! Et dans le silence de Nazareth, je m'engage à prier, à lire, étudier, méditer, être utile pour les petits travaux, afin de rendre notre maison plus belle et plus accueillante.
Je reste à la maison, Seigneur ! Et le matin, je te remercie pour le nouveau jour que tu me donnes, en essayant de ne pas le gâcher et l'accueillir avec émerveillement, comme un cadeau et une surprise de Pâques.
Je reste à la maison, Seigneur ! Et à midi, je recevrai la salutation de l'ange, je me rendrai utile pour l'amour, en communion avec toi qui t'es fait chair pour habiter parmi nous ; et, fatigué par le voyage, assoiffé, je te rencontrerai au puits de Jacob, et assoiffé d'amour sur la Croix.
Je reste à la maison, Seigneur ! Et si le soir me prend la mélancolie, je t'invoquerai comme les disciples d'Emmaüs : reste avec nous, le soir est arrivé et le soleil se couche.
Je reste à la maison, Seigneur ! Et dans la nuit, en communion de prière avec les nombreux malades, les personnes seules et tous les soignants, j'attendrai l'aurore pour chanter à nouveau ta miséricorde et dire à tout le monde que, dans les tempêtes, tu as été mon refuge.
Je reste à la maison, Seigneur ! Et je ne me sens pas seul et abandonné, parce que tu me l'as dit : je suis avec vous tous les jours. Oui, et surtout en ces jours de confusion, ô Seigneur, dans lesquels, si ma présence n'est pas nécessaire, je vais atteindre chacun, uniquement avec les ailes de la prière.
Amen
(Prière d'un prêtre italien en quarantaine dont le frère prêtre est mort du covid-19)
Q de question : « où est-il ton Dieu ? »
Cette question traverse les siècles et resurgit avec force dans les temps d’épreuves.
Elle parcourt également la Bible : « Je n'ai d'autre pain que mes larmes, le jour, la nuit, moi qui chaque jour entends dire : « Où est-il ton Dieu ? » Psaume 41.
Avec une cascade d’autres questions, elle traverse nos esprits inquiets en ce temps de confinement : « Dieu ne pouvait-il pas nous protéger de ce pangolin suspecté d’avoir transmis le virus à l’homme ? où était-Il ? »
Elie Wiezel raconte dans son livre « Nuits » que des soldats SS avaient réuni tous les prisonniers sur la place d’appel du camp de concentration pour assister à la pendaison de 3 hommes, dont un enfant. Il fallait des représailles à cause d’une évasion. Dans un silence de mort, les 3 chaises sont renversées tandis que la nuit tombe… Seule une corde bouge encore, celle de l’enfant plus frêle qui agonise.
Une voix éraillée s’échappe alors des rangs : « Où est Dieu ? ». Et Elie Wiezel répond au fond de son cœur : « Il est pendu, au bout de la corde ».
Où est Dieu ? dans ce lit de réanimation, dans cette maison de retraite coupée du monde, dans ce soignant épuisé, dans cette famille qui dit aurevoir à son défunt dans l’intimité…
O comme orage ou D comme danse
« La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. » Sénèque
Enfant, on espère qu’il n’y aura jamais d’épreuves et que le ciel sera toujours bleu….
Puis vient le moment où l’on comprend que c’est illusion et que la vie n’est rarement un long fleuve tranquille…
On découvre ensuite que la vraie joie est plus souvent tristesse surmontée qu’absence de tristesse,
Que l’amitié est davantage confiance redonnée qu’absence de déception,
Que la paix est surtout tension dépassée plus qu’absence de conflit.
Que la foi est émaillée de doutes traversés plus que de certitudes.
Finalement, ils sont joie, paix, amitié et foi pascales !
Alors, apprenons à danser sous la pluie !
A comme Angoisse
On dit que la phrase « N’aie pas peur » revient à 365 reprises dans la Bible ! Comme si chaque jour, Dieu devait nous inviter à la confiance. Un site précise qu’il y aurait 47 occurrences du mot « angoisse » dans la Bible : 42 dans l’Ancien testament et 5 dans le Nouveau Testament. Je n’ai vérifié aucune de ces deux affirmations ! Peu importe à vrai dire.
Ce qui est sûr, c’est que La Bible et les saints nous invitent à nous tourner vers Dieu dans l’angoisse car Lui seul peut véritablement nous apaiser. Cela ne méprise aucunement les efforts de ceux qui luttent contre le virus et cherche un vaccin. Portons-les dans notre prière sans nous lasser.
Et tournons-nous résolument vers le seul Sauveur, partons à la recherche des si belles et nombreuses prières des Psaumes :
« Dans leur détresse ils ont crié à l'Eternel et il les délivra de leurs angoisses » (Psaume 107)
« Si je traverse les ravins de la mort, Je ne crains aucun mal,
Car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure » (Psaume 22)
« Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libères dans la détresse,
Pitié pour moi, écoute ma prière ! » (Psaume 4)
C de Chance
Ce mome nt plein d'anomalies et de paradoxes fait peur et fait réfléchir. Il est aussi une chance cachée.
La chance de retrouver le prix de certaines choses qu'on considérait comme banales, acquises, normales et dues,
celle de pouvoir aller et venir, de flâner parfois sans but,
celle de pouvoir s'embrasser et même s'enlacer,
celle de se promener au bord de la mer, dans un parc ou en forêt,
celle de se retrouver pour un cinéma ou celle de rire à une terrasse de café,
celle de ne pas se méfier des autres et de les laisser s'approcher,
celle de retrouver la lenteur, le silence, le vide, et le prix du temps
celle d'entrer dans une église et de prier avec d'autres, tout simplement,
celle de réapprendre à vivre ensemble, à refaire famille,
celle de pouvoir accompagner nos malades, nos aînés et nos défunts au plus près et jusqu'au bout
celle de redécouvrir la responsabilité partagée,
celle de sentir que l'on dépend les uns des autres,
celle de sentir qu'on a besoin des autres, de les voir, de les rencontrer, de leur parler… de savoir qu'il vont bien
celle de sentir qu'on est responsable des plus faibles, des isolés,
mais aussi
la chance de redécouvrir que personne n'est invulnérable,
celle de guérir d'un complexe de toute puissance,
celle de comprendre que toute vie et tout système aussi compétitif soit-il peuvent vite s'écrouler,
celle de s'apercevoir que l'on peut soudainement se retrouver réfugié, coincé à des frontières et isolé
et que Dieu seul est un Roc
(D'aprés Raffaele Morelli, psychiatre et psychothérapeute italien)
G de Grenouille
Il était une fois deux grenouilles tombées dans une grosse jatte de lait.
L’un e d’elle se lamente et abandonne rapidement le combat. Désespérée d’une telle situation, elle n’y croasse (!) plus …
L’autre, malgré l’angoisse, agite et agite ses pattes, encore et encore.
Le lendemain matin, la première grenouille qui avait abandonné tout espoir git au fond de la jatte, noyée.
La seconde grenouille, qui avait agité les pattes toute la nuit, est assise dans la jatte au sommet d'une motte de beurre, apparue à force d’efforts.
Lord Baden Powell, fondateur des scouts, racontait cette histoire à des jeunes d’une banlieue difficile de Londres pour les inviter à garder confiance même dans leur situation difficile …
"P" de "prison"
Un p risonnier condamné à une longue peine et s’étant converti en prison témoignait que, pour tenir le coup en milieu carcéral, il s’était fait un emploi du temps et même une sorte de règle de vie.
N’ayant plus vraiment d’obligation, il craignait que l’oisiveté (télévision, grignotages et longues siestes à tout ’heure) ne le rende amorphe et sans tonus ! Il s’est alors contraint à respecter des horaires et à se fixer des plages de travail intellectuel, de détente, de prière etc… . Il voulait vivre et non survivre malgré son confinement.
A méditer, même si nous ne sommes pas en prison !
"R" comme "Résilience"
On s'ac croche pour la définition du dico :
"Phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique de manière à ne pas, ou plus, vivre dans le malheur et à se reconstruire d'une façon socialement acceptable".
C'est vrai que ce que nous vivons est traumatisant ! Et nombreux sont ceux qui se laissent gagner par l'angoisse... peut-être même nous !
Notre Bible nous donne mille et un exemples de personnes résilientes ! Alors, pourquoi pas la relire en méditant sur leurs vies ?
Nous pouvons par exemple penser à Abraham sans descendance et à Agar rejetée (livre de la Genèse à partir du chapitre 12), à Moïse en Egypte (livre de l'Exode), à Job éprouvé, à Elie persécuté (1 Livre des Rois 19) à Paul emprisonné, à Elisabeth stérile (Luc 1, 25) ...
Le secret de leur résilience ? La certitude que Dieu ne nous oublie pas malgré nos épreuves et nos traumas. La force de "croire dans la nuit à ce qu'on a vu (de Dieu) dans la lumière" (Louis Evely).
"G" comme "Gratitude"
Sup erbe mot, hélas peu utilisé !
Le dictionnaire le définit ainsi : « Reconnaissance pour un service, pour un bienfait reçu ; sentiment affectueux envers un bienfaiteur »
Alors, oui ! Gratitude envers tous ceux qui soignent nos malades frappés du virus parfois au risque de leur propre santé.
Gratitude envers nos dirigeants qui s’efforcent de prendre les meilleures décisions malgré l’extrême complexité de la situation.
Gratitude envers ceux qui respectent ce qui est demandé pour éviter la propagation du virus.
Gratitude envers ceux qui contribuent à maintenir la sérénité et la confiance autour d’eux, dans leur propre famille…
Gratitude envers Dieu qui n’est pas l’auteur de cette épreuve mondiale (comme s’il envoyait des épreuves pour nous munir !) mais qui ne nous oublie pas.