David témoigne :
" ça reste tout de mon subjectif ; ses paroles comme je les ai senties. Parce qu' il a quand même dit des trucs très profonds, que j'ai parfois découvert en tapant les notes.
C'est comme frère Roger.... un petit vieux, on se demande un peu comment il tient et on regarde ses yeux et on a compris. On l'écoute parler, et on a compris.
Comme il a dit quand il a cité Jean Paul II "je n'en peux plus, mais Il (Jésus) me donne la force...." Elle m'a beaucoup touchée cette phrase !".
Merci David pour tes notes ! Elles donnent à prier !
Conférence de Jean Vanier le 20 mars 2005
en la basilique Sainte Maxellende à Caudry
Je reviens du Chili, et j’ai été blessé par l’écart entre les riches et les pauvres. On m’a fait visité une ville et, sur une route, on m’a présenté « à droite, le quartier riche ». Il y avait là de belles maisons, avec de grands terrains, des piscines. « et à gauche, le quartier pauvre ». Ce n’était qu’un bidonville, fait de tôles et de matériaux de récupération.
Cette différence entre les riches et les pauvres, c’est le grand drame du monde actuel.
On peut se demander où est Jésus…..
Cette semaine, j’irai à Belfast. La guerre entre protestants et catholique s’est apaisée mais un mur sépare encore les quartiers royaliste et unioniste. Le dialogue entre les deux partis est terriblement difficile.
Une grande question du monde actuel est « Comment casser ces murs ? »
L’un des problèmes de l’Homme, c’est qu'il s’enferme dans sa bulle, dans son monde.
On veut construire une Union Européenne. C’est bien, ça veut dire qu’il n’est plus question de guerre chez nous, que nous voyons l’avenir comme un avenir de paix.
Mais quelle UE voulons nous ? À quel prix, à quels sacrifices sommes nous prêts pour la paix ?
L’Afrique représente 750 Millions de personnes et son économie est plus faible que celle de la Hollande
Après le 11 septembre, des prières pour la paix ont été organisées un peu partout.
Mais que veut-on ? Que demandons-nous dans ces prières ?
Laisser moi en paix ? Ne me dérangez pas ?
Ou est-on prêt à agir pour la paix ? À se salir les mains ?
Qu’est-on prêt à sacrifier pour la paix ?
C’est une des questions récurrentes de Jean-Paul II aussi. Dans tous ses discours, il nous demande toujours comment on peut s’engager pour la paix, et pour le pauvres.
« Il n’y a pas de paix sans justice, et il n’y a pas de justice sans pardon » .........
Je trouve qu’on peut résumer la vie de Jésus en deux mots. On pourrait en trouver bien d’autre évidemment. Mais je trouve que ces mots résument particulièrement bien sa vie. Ces mots, qui sont au cœur de son message, ce sont les mots compassion, et pardon.
La compassion, c’est savoir se pencher vers quelqu'un de perdu, quelqu'un qui souffre.
Le pardon, c’est savoir briser les murs qui nous séparent, qui séparent les hommes.
Nous sommes dans une société de compétition où l’on nous apprends sans cesse à gagner, à écraser l’autre pour être plus fort.
On peut devenir esclave de cette société, faire comme tout le monde, vouloir dépasser l’autre. Et s’enfermer dans sa petite bulle.
Et mettre des étiquettes sur les gens. Les juger avec des préjugés, des pré-jugés.
L’Arche se veut une œuvre de justice.
C’est un lieu où les rejetés peuvent retrouver une dignité humaine, grandir en liberté et être en sécurité. Être en sécurité sans être étouffé.
Ça veut dire qu’on a le soucis de la personne, qu’on regarde derrière l’étiquette, qu’on cherche à savoir qui tu es vraiment.
Le premier besoin de l’Homme, c’est de se sentir aimer
Dans le monde actuel, aimer est de plus en plus synonyme de posséder, de contrôler. Beaucoup de jeunes réagissent contre un amour qui contrôle ou qui possède. Ils n’ont pas toujours connu un amour libre. Un amour qui libère.
« Il n’y a pas d’amour sans liberté »
« Je veux être moi même, mais qui va me libérer ? Pour que je sois moi, avec mes forces, mes faiblesse. Mes particularités, sui font que je suis moi......
Qui me libérera d’être moi ? »
Être libre, c’est ne pas être gouverné par ses peurs, ses préjugés, les préjugés, les médias.
Beaucoup de gens ne connaissent pas cet amour qui libère, cet amour qui porte.
Le désir de l’Homme, c’est d’aimer, d’être aimer, de rentrer en communion avec l’autre.
Mais je découvre que ce désir est conditionné par la peur : « Suis-je moi ou dois-je prouver que je mérite l’amour ? » Il y a une peur de l’échec, peur de ne pas être apprécié.
Quand on est accueilli, la peur reste dans les premiers temps.
C’est fort la peur.
On a ses préjugés, la certitude qu’on est meilleur. Que notre groupe, notre communauté est mieux.
Comment ai-je été aidé ?
J’étais officier de la marine Canadienne. (J’ai démissionné en 1950) J’ai vécu la guerre. Et ses horreurs.
Pendant les deux dernières années, j’ai été de plus en plus attiré par Jésus.
Je ne le connaissais pas suffisamment, Jésus.
Le connaître, ce n’est pas seulement prier, étudier la théologie. Le connaître, c’est entrer dans une relation avec lui.
Jésus est pour moi le seul qui donne la vie. Le seul qui parle vraiment du pardon, de la compassion, de la différence riches/pauvres. Le seul qui cherche véritablement une libération.
Faire l’expérience de Dieu, c’est sentir sa présence dans le quotidien, c’est être présence de Dieu dans son quotidien.
J’étais attiré vers ce Jésus.
Un jour, en France, j’ai rencontré un prêtre qui était présence de Dieu. Il ‘’respirait’’ Dieu. En parlant à ce prêtre, je me sentais plus proche de Dieu.
J’ai appris la prière. Pas la dire ou la réciter, faire communion avec Jésus.
Nous sommes dans une société où on voit l’homme grand, celui qui réussit, qui gagne.
J’ai visité des hôpitaux psychiatriques, des asiles et j’ai découvert un monde de souffrance dont j’ignorais l’existence.
Le monde des mauvaises étiquettes m’a explosé à la figure.
Et on se demande où est Jésus. Où il est dans cette souffrance, dans ce monde à part, ignoré.
C’est comme ça que l’idée de l’Arche s’est immiscée dans mon esprit.
C’étais en 1964, j’avais alors 36 ans.
Et j’ai accueilli deux hommes.
Un nouveau monde s’ouvrait devant moi. Un monde où celui que je rejetai pouvait devenir celui qui me sauverait
J’ai appris à reconnaître mes préjugés, mes peurs. Et, petit à petit, à découvrir que celui que je rejetais est celui peut me libérer.
C’est une expérience très forte.
Très forte.
La deuxième expérience très forte dans ma vie fut la découverte de la communauté. Le besoin de la communauté.
Jésus nous a dit « aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé »
Cet amour est présent dans les communautés.
Pas une communauté qui lie et enferme, une communauté qui crée des lien pour nous libérer en nous.
C’est un lieu de souffrances et de réjouissances.
On entend souvent dire « J’étais seul, dans un hôpital et la communauté m’a aidé, m’a fait grandir. »
Il faut réussir à devenir libre en communauté. Rire ensemble. Pleurer ensemble.
On y apprend énormément dans ces communautés.
J’y ai découvert la puissance de Jésus.
La communauté est un lieu d’apprentissage de l’amour. Accepter l’autre comme il est. Et m’accepter moi, avec mes défauts, mes peurs, mes préjugés.
C’est un long chemin que de se connaître. Connaître ses peur, ses souffrances, ses blocages.
J’ai besoin de mes frères et sœurs sur un chemin de libération pour être moi et aimer d’un amour plus grand.
Le chemin de la paix, c’est l’accueil.
La communauté, c’est mon lieu de joie.
Le milieu où je suis porté.
Tout seul, on est fragile.
Nous vivons en alliance
Œuvrer pour la paix, ce n’est pas forcément faire de grandes choses.
On ne peut pas faire de grandes choses mais si chacun fait un peu, la paix avancera. Il faut franchir les murs qui nous séparent, qui nous empêchent de découvrir le monde, et ses histoires.
En visitant, en rencontrant, on découvre la compassion. Après vient l’émerveillement.
C’est là que Dieu est.
Découvrons des liens où on peut apprendre à aimer, découvrir ce qui est en nous.
Ce n’est pas grave si on y trouve beaucoup de défauts, on est humains. Être humains, c’est avoir une part de sombre.
Il faut découvrir des personnes qui font tomber les murs et les préjugés.
Il faut découvrir la tendresse, la douceur, l’humilité de Jésus.
Je t’aime, c’est te faire découvrir comme tu es beau, te faire découvrir qui tu es.
Aux JMJ, nous espérons amener 200 à 300 personnes de l’arche.
Pouvoir découvrir le mystère Jean-Paul II.
C’est un symbole vivant de la Sainteté.
Dans ses messes, on peut l’entendre murmurer « Je n’en peux plus, je n’en peux plus... mais Il me donne la force. » ..........
Jean-Paul II est un signe vivant de la présence de Dieu.
Jésus ne se montre pas, n’humilie pas ceux qui l’ont humilié.
Il se montre simplement à quelque personnes. Juste pour dire « Je suis ressuscité. » « Tu peux être un homme de paix, tu peux être un homme de pardon »