Fiches pédagogiques

extrait su site INXL6

 

Présentation des fiches pédagogiques

 

Pour les JMJ de Cologne, le Saint Père nous propose de méditer la visite de mages à Bethléem : «Où est le roi des Juifs ? Nous avons vu son étoile se lever et nous sommes venus l’adorer.»

P. Olivier Teilhard de Chardin
[07/07/2004]

Elaborées par le commission pédagogique de l'equipe nationale JMJ 2005, ces huits fiches pédagogiques et cette méditation biblique ont pour objet d’aider à explorer le thème des JMJ de Cologne.
Il y a un parti pris : ouvrir largement la parole de Dieu, le langage le plus commun aux différents groupes invités aux JMJ.
Il n’y a pas de limite à leur usage : que ce soit pour une soirée ou un week-end, un cycle de catéchèse ou la rédaction d’un guide pour le pèlerin de Cologne, ce sont des outils adaptables selon votre imagination et vos besoins.


1- Suivre l’étoile

Un astre s’est levé. L’astre a mis les mages en route. Quel est-il ? Une comète ? Ce serait un peu court. Assurément, quelque chose de neuf, qui traverse le cœur de tout homme. Mais au fond, que voient les mages, qui les mette en route pour Jérusalem ?
Ils voient ce que voyait Balaam, sage païen des bords de l’Euphrate quand il fut consulté par le roi de Moab (Cf. Nombres 24, 1-25). Ce jour-là, Balaam ne va plus rechercher les présages comme il le faisait d’habitude. Mais il lève les yeux vers le désert, voit Israël camper par tribus et saisit par l’Esprit de Dieu prononce l’oracle : «Que tes tentes sont belles, Jacob ! et tes demeures, Israël ! Comme des jardins au bord d’un fleuve. Un héros grandit dans sa descendance, il domine sur des peuples nombreux, sa royauté s’élève. Dieu le fait sortir d’Egypte…. Je le vois – mais non pour maintenant, je l’aperçois - mais non de près : un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d’Israël». Les mages connaissent les prophéties et l’histoire d’Israël.
Dieu parle-t-il vraiment ? Oui, par l’histoire perçue dans la foi. Les mages connaissent la prophétie de Balaam ; ils voient que le Dieu d’Israël a agi pour une nation déterminée, celle qui a pour capitale Jérusalem. Et moi, puis-je l’entendre ? Le connaître ? Connaître sa volonté ? Où nous conduit-il ? Comment Dieu parle-t-il ? Par l’astre qui se lève. Par la voix de la conscience morale, où retentit l’appel de l’Esprit quand il se joint à notre esprit. Par la loi sainte de Dieu, loi naturelle gravée au cœur de l’homme, loi révélée au Sinaï pour orienter le pas des hommes.
Ainsi Dieu parle-t-il aux mages par l’étoile, comme il parle à Joseph par les songes (Matthieu 2, 13). Mais pourquoi les mages se sont-ils mis en route ?


2- La figure des mages

Les mages ont-ils existé ? Nous n’avons pas retrouvé trace d’un tampon aux douanes entre la Perse et la Syrie. C’est un fait cependant : les nations sont venus à Jésus, les mages en sont la figure. Alors que cherchent-ils ? Pourquoi quittent-ils leur pays ? N’ont-ils pas honoré les rois de leurs pays depuis longtemps déjà ?Leur sagesse n’est-elle pas déjà reconnue ?
Sage en sa nation, le mage découvre une vérité, hérite d’une tradition de sagesse à laquelle il apporte sa pierre. Cependant il cherche à découvrir plus encore. La prophétie de Balaam oriente le regard sur une autre nation. Elle suscite une espérance, et les mages se mettent en route.
Au cœur de leur décision de prendre la route, il y a aussi un aveu d’impuissance. Impuissance de leur propre roi à établir la justice et la paix, impuissance de leurs propres dieux nationaux à offrir un salut, impuissance de leur sagesse à résoudre les dilemmes de la vie. Les mages recherchent la cause de leur impuissance. Impuissance à combler un espérance. «Que cherchez-vous ?» demande Jésus aux premiers disciples (Jn 1, 38). «Maître, où demeures-tu ? Venez et voyez.»
Mais pourquoi est-ce le roi des Juifs qu’ils vont adorer ?


3- La figure du roi des Juifs

Pourquoi les mages cherchent-ils le roi des Juifs ? Que connaissent-ils d’Israël ? Pourquoi le rechercher à Jérusalem ?
Israël est la nation dont Dieu a dit, dans l’histoire : «D’Egypte, j’ai appelé mon Fils» (Matthieu 2, 15). Les nations ont vu le salut donné au peuple d’Israël par son Dieu, Emmanuel. Ils ont vu son retour d’exil, ils ont mémoire l’exode, ils ont entendu parlé de la sagesse d’Israël, de la fidélité de son Dieu, de la perfection de sa sagesse et de ses lois (Dt 4, 7-8). Si le Dieu d’Israël a vraiment fait cela, c’est bien à lui qu’il faut venir rendre un culte.
Déjà, dans l’histoire, le roi de Jérusalem a reçu l’hommage d’une nation païenne en raison de sa sagesse : la reine de Saba est venue rendre hommages à la sagesse de Salomon, «plus grande que la sagesse de tous les fils de l’Orient et que toute la sagesse de l’Egypte» (1 Rois 5, 10). Elle est venue poser au roi ses énigmes, constater la splendeur du Temple qu’il avait érigé pour le Seigneur, et profiter de la sagesse que Dieu lui avait mise au coeur (1 Roi 10, 1-25). Oui, c’est un fait observable par toutes les nations, ce peuple vit une relation particulière à Dieu au milieu des nations.
La prophétie ne met pas en mouvement. Mais si le désir et l’espérance mettent en route, la prophétie explicite ce qui se passe et où cela se passe. Ainsi, une fois à Jérusalem,une question se pose : «Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?» Où réside-t-il ? Que dit la tradition d’Israël ? Quel est le bon roi, entre tous ceux qui naissent sur le territoire d’Israël ? Auquel peut-on se fier ?


4- La figure des prêtres et des scribes

Où est le roi des Juifs ? Que dit la tradition d’Israël dont les prêtres et les scribes sont les dépositaires et interprètes ? Pourquoi le roi vient-il de Juda ? Quels sont les enfants pleurés par Rachel ? Pourquoi les mages ne se contente-t-il pas d’honorer le roi Hérode ?
A Jérusalem, l’astre est illuminé par la parole des prophètes, il disparaît comme les étoiles en plein soleil. Ce sont les oracles prophétiques que les mages écoutent : «Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël.» Cet oracle désigne la descendance de David, de la tribu de Juda installée au sud de Jérusalem : «Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi» avait prophétisé Nathan au roi David (2 Samuel 7, 1-17). Il fait écho à l’oracle sur la descendance de Saül, de la tribu de Benjamin installée au nord de Jérusalem, rejetée part Dieu (1 Samuel 15, 10-31). C’est que Saül avait désobéi à Dieu dans la guerre contre les Amalécites. Coupé de la parole de Dieu, pressé par l’angoisse de perdre son trône, il s’en va consulter la nécromancienne d’En Dor (1 Samuel 28, 15-16). Sa dynastie se perdra dans le néant.
Le choc des deux oracles, de Michée et de Jérémie, fait écho au choc des deux dynasties royales de Juda : celle de Saül, remplacée par celle de David. D’où la plainte de Rachel, mère de Benjamin : «Dans Rama se fait entendre une voix : c’est Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus» (Matthieu 2, 18). La cassure vécue par le roi Saül rappelle la cassure vécue par le peuple au désert, au temps de Moïse.
Mais voici qu’approche un second roi, issue de la dynastie de David, et qu’apparaît un peuple nouveau. L’Apocalypse en dévoile l’accomplissement : «Je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle – le premier ciel, en effet, ma première terre ont disparu, et, de mer, il n’y en a plus. Et je vis la Cité Sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux» (Apocalypse 21, 1-2). Et les Ecritures nous laissent dans ce face à face entre le Christ et l’Eglise : «Moi, Jésus,… je suis le rejeton de la race de David, l’étoile radieuse du matin. L’Esprit et l’Epouse disent ‘Viens !’» (Cf. Apocalypse 22, 16-17).
Déjà dans l’Ancien Testament Dieu apparaît comme celui qui fait du neuf, au point de choisir pour roi celui qui pardonne à son ennemi : le jeune David n’a-t-il pas épargné le roi Saül, alors même que celui-ci voulait la mort de son meilleur chef de guerre (1 Samuel 24) ? Plus tard Jésus aimera Juda : à cela il sera reconnu comme successeur de David. La mémoire du roi David contraste avec la figure du roi Hérode. Pourquoi Hérode est-il si curieux ? Ne savait-il pas lui-même ce que connaissaient les prêtres et les scribes d’Israël ?


5- La figure d’Hérode

Pourquoi les mages ne rendent-ils pas hommages à Hérode ? Pourquoi Hérode demande-il à être renseigné ? Quels sont les sentiments qui traversent sont cœur ?
Roi sur Jérusalem, il n’appartient pas à la lignée de David, cela est connu des mages. Originaire d’Edom, vizir au service du roi asmonéen de Jérusalem dont il épouse la fille avant de le faire périr, Hérode ne peut hériter des promesses faite par le Seigneur à David. Usurpateur de la dignité royale, il connaît son origine, d’où son angoisse. Son pouvoir repose sur sa force. Aussi pose-t-il une double question : aux scribes celle du lieu et aux mages celle de la date. «Allez vous renseigner exactement sur l’enfant ; et quand vous l’aurez trouvé avisez-moi, afin que j’aille moi aussi lui rendre hommage.»
Il nous faut lire l’ensemble de l’histoire, de la visite des mages à la fuite de la sainte famille en Egypte, pour découvrir le cheminement des sentiments intimes d’Hérode. Où ? Quand ? Que recouvre la curiosité d’Hérode ? Le mensonge d’Hérode se dévoile en sa colère et par sa violence : «Pris d’une violente colère, il envoya tuer, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages.» Sa colère est le symptôme de la maladie de son cœur. Le désir de puissance, qui lui fait manipuler les prophètes d’Israël et les mages des nations, se solde par l’injustice la plus flagrante : le meurtre de l’innocent au profit du pouvoir.
Une fois encore s’élève la plainte de Rachel. La mort de l’enfant, des enfants, est-elle évitable ? A la vue de l’enfant, c’est entre la colère et la joie que se joue le discernement de l’esprit.


6- La figure de l’enfant

Que découvrent les mages ? Pourquoi est-ce l’enfant qui fait les frais de la violence d’Hérode ? A quel monde Hérode s’oppose-t-il ?
A la logique de mort s’oppose la logique de la vie, à celle du mensonge exprimée celle de la vérité reconnue, à celle de la colère celle de la joie. Le désir de puissance d’Hérode se heurte à la faiblesse et à l’impuissance de l’enfant qui vient de naître. «Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant le Seigneur ton Dieu, écoutant sa voix, vous attachant à lui ; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que le Seigneur a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner (Dt 30, 19-20).
La logique de la vie passe par la fidélité aux dix paroles données par Dieu au Sinaï. Elles sont paroles de vie, et le droit de Dieu a être écouté, obéi, est fondé sur la liberté qu’il lui-même donné : «Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré d’Egypte. Et c’est pourquoi tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même.» Comme l’enfant reçoit la vie de ses parents, les mages reçoivent de Dieu lui-même, à travers l’étoile et la prophétie, les clefs de la vie. Ne pas retourner par le chemin d’Hérode, c’est passer de la curiosité possessive à la reconnaissance admirative.
Que voient les mages ? L’enfant et sa mère. La parole de Dieu s’est faite chair. Mystère de l’incarnation. Voyant l’étoile s’arrêter là où demeurent l’enfant et sa mère, ils découvrent le secret de la sagesse d’Israël, ils éprouvent une grande joie. D’où l’acte d’adoration.


7- L’adoration

Que voient les mages ? Que font-ils ? Qu’éprouvent-ils ? Ils accomplissent un geste prophétique. Ils viennent à Jésus, puis ils s’en vont. Le récit perd leur trace mais garde leur acte en mémoire.
Rendre un culte à Dieu, tel était le motif de la libération d’Egypte. Lorsque tu iras trouver Pharaon, dit le Seigneur à Moïse au buisson ardent, «je serai avec toi, et voici le signe auquel tu reconnaîtras que ta mission vient de moi… Lorsque tu auras mené le peuple hors d’Egypte, vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne» (Ex 3, 12). Ce qui fut fait, et l’alliance fut conclue au Sinaï, et les Anciens d’Israël contemplèrent le Seigneur, ils mangèrent et burent en sa présence (Cf. Ex 24, 11).
«Entrant dans la maison, ils virent l’enfant et sa mère, et tombant à genoux ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe». Dans ce geste des mages s’accomplit la prophétie d’Isaïe pour la consolation de Jérusalem (Isaïe 60 ; 66). Comme les bijoux des Egyptiens avaient quitté l’Egypte au jour de l’exode afin d’édifier le sanctuaire de la rencontre (Ex 13, 35 ; 35, 5). Comme Israël a quitté l’Egypte pour rendre un culte au vrai Dieu, les nations viennent à leur tour, librement, adorer ce même Dieu, en la personne de l’enfant, du Fils de Marie. Dieu s’est fait proche. Dans cet acte d’adoration sont unies et bénies toutes les nations. La promesse faite à Abraham est accomplie (Gn 12, 2-3).
«D’Egypte j’ai appelé mon fils.» Jésus accomplira le culte véritable, en se donnant par amour, en accomplissant la loi de Dieu : «Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré d’Egypte. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même» (Cf. Dt 6, 5 ; Lv 19, 18). Et c’est en ce sacrifice unique que tombent le mur entre Juifs et païens, esclaves et hommes libres, hommes et femmes, que se réconcilient les nations : «Le Christ est notre paix» (Ephésiens 2, 14). Sacrifice unique dont nous faisons mémoire en l’eucharistie comme Israël faisait déjà mémoire de la Pâque (Exode 13, 14).
«Avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent un autre chemin.» Quel est ce chemin, qui donne de demeurer dans la joie ? Dans la paix ? Où rendre aujourd’hui le culte véritable ?


8- La recherche du lieu

«Ils retournèrent par un autre chemin.» Qu’est-ce que ne pas retourner chez Hérode ? Comment demeurer dans la joie ? Comment retrouver la paix déjà goûtée ?
A Nazareth. «Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et rentra au pays d’Israël… Sur un avis reçu en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint s’établir dans une ville appelée Nazareth.» Et c’est ainsi que s’accomplit l’oracle des prophètes : «On l’appellera Nazaréen.» C’est en Galilée, dans le monde, à Nazareth, dans la réalité quotidienne de la vie chrétienne au cœur du monde que s’opère la rencontre et se donne la paix. La demeure a suivi le peuple, d’étape en étape : sous l’aspect de la tente, du Temple, du sanctuaire, de Marie, de l’Eglise, c’est dans la demeure que réside le roi. Et c’est dans le vif de l’humanité que l’alliance se consomme entre Dieu et son peuple.
«On l’appellera Nazaréen… Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs» avait écrit Pilate (Matthieu 27, 37 ; Jean 19, 19). Le mystère de la Croix est ici évoqué. Il éclaire à rebours toute l’histoire, de la mise en route des mages au retour d’Egypte Le culte véritable est rendu par le baptisé qui se donne en communion à l’acte de Jésus. Où ? Quand ? Maintenant, dans la grâce de l’instant présent. Là où l’on se donne, là où l’on se livre à l’amour par amour. Là où tout s’accomplit, là où se livre l’Esprit, là se donne la joie du retour au Père (Cf. Jean 19, 30). «Ubi caritas Deus ibi est.»

Les huits fiches pédagogiques sont destinées en priorité aux animateurs et sont des outils pour animer des sessions, rencontres ou week-end de préparation aux JMJ. L'ensemble des fiches seront disponibles prochainement sur le site dans cette même rubrique.

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Publié le Samedi 18 septembre 2004 - 07h43 • 1970 visites