Partage de Vie Paysanne aux Philippines
Février 2011
« C'est l'histoire d'un jeune cambrésien... »
« ... qui a le rêve de partir en coopération »
Passionné d'agriculture, nourris par des expériences de découvertes et de services au Burkina Faso (Projet Scouts de Bellaing 2001), en Haïti (Association de Soeur Emmanuelle) et en République Démocratique du Congo (projet d'étude avec l'Institut Supérieur d'Agriculture de Lille), je rêve depuis l'âge de 10 ans de partir à la rencontre d'un autre peuple, en particulier des paysans, à travers un engagement à leurs côtés.
C'est ainsi que j'ai mûri mon projet de coopération depuis 2004. Après avoir obtenu mon diplôme d'ingénieur agronome, j'ai pris la décision de travailler en France dans un premier temps pour le développement de l'agriculture biologique. Ces 4 années passées au sein de l'Agriculture Biologique en Picardie, répondaient à mon désir de contribuer à la construction d'une société respectueuse de l'Homme et de son Environnement.
Enrichi de cette expérience, j'étais prêt à m'engager aux côtés de la Délégation Catholique pour la Coopération[1] pour vivre une rencontre interculturelle aux services de paysans. Après plusieurs weekend de formation, la DCC m'a proposé une mission porté par les missionnaires spiritains (Congrégation du Saint-Esprit[2]):
- ayant un volet agricole : à travers la mise en place d'une ferme de démonstration en agriculture biologique visant à améliorer les conditions de vie des paysans.
- et un volet éducatif à travers un programme de parrainage d'enfants visant le soutien à leur scolarisation avec l'association Enfants du Mékong[3].
La description de cette mission correspondait à ce que je voulais faire bien que je ne m'attendais pas à partir ni en Asie, ni aux Philippines. Mais les Philippines m'évoquaient aussi les plages de sable blanc, les mers bleues turquoises, les cocotiers...j'ai donc dis « OUI » !!!
« ...et qui un jour atteri aux Philippines. »
Basé à Mindanao (île sud des Philippines), dans un village de montagne, je vis depuis 2009 au sein d'une communauté composée de 5 pères spiritains d'origine française et africaine, ainsi que des jeunes séminaristes philippins.
Dans ce contexte rural, les difficultés apparaissent au niveau des besoins alimentaires (le revenu moyen d'une famille s'élève à moins de 50 euros/mois, ce qui ne permet pas de couvrir leurs besoins alimentaires). Les coûts de santé et d'éducation ne peuvent donc pas être assumés.
« pour travailler aux côtés de paysans »
Avec l'aide de 4 paysans locaux, Leonardo, Eddie, Loloy et Jinnis, installés sur une surface de moins d'un hectare, nous développons une production de légumes (aubergines, okras, choux, haricots...), fruits (papayes, bananes), des poulets, des oeufs[4] et depuis peu des produits de la ruche. Ces produits biologiques (pas d'utilisation de produits chimiques de synthèse) sont vendus chaque semaine directement auprès des clients (livraison à domicile – 20 minutes de notre village). A travers cette relation directe entre consommateurs et producteurs, les paysans prennent conscience des attentes du consommateur en terme de qualité de produits, de fraîcheur et se protègent des aléas du marché. De même les consommateurs, basés en ville, comprennent les contraintes des paysans. Une véritable relation partenariale se met en place (inspiré du principe de l'AMAP-Assocation pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne en France).
Depuis 9 mois, nous développons une activité apicole en partenariat avec plusieurs philippins intéressés pour soutenir localement le projet de la ferme. Nous avons donc maintenant 24 ruches favorisant la pollinisation de nos cultures et en même temps apportant un revenu supplémentaire aux paysans. Nous vendons d'ores et déjà du pollen (riche en vitamines) et la récolte du premier miel est prévu en mars 2011. Les paysans développent ainsi de nouvelles compétences leur permettant d'envisager un avenir plus serein pour leurs enfants et petits-enfants.
« et des jeunes »
En parallèle de cette mission, face aux difficultés d'accès à l'éducation en raison de manques de revenus, nous développons un programme de parrainage pour les enfants du village. Avec l'appui d'Enfants du Mékong, nous mettons en relation un enfant et un parrain/une marraine en France. Basée sur une relation d'échange interculturelle, le parrain/marraine va financer les frais d'inscription à l'école, les fournitures scolaires et l'uniforme. L'écolier envoie régulièrement des nouvelles par courrier à son parrain/marraine, c'est ainsi qu'il construit des ponts entre nos 2 pays. Plus tard, cet enfant qui aura eu la chance d'étudier et d'être diplômé, multiplie ses chances de trouver du travail et par la suite aider sa famille aussi. C'est l'exemple de Mickaël, âgé de 27 ans, issu d'une famille de 10 enfants, vivant dans une maison en bamboo de 15m2, un papa alcoolique, une maman travaillant dans les champs pour nourrir sa famille. Avec courage, détermination et le soutien d'Enfants du Mékong, Mickaël a étudié jusqu'à l'université pour être aujourd'hui professeur des écoles dans son village d'origine. Il a maintenant sa propre moto pour se déplacer, est en train de construire une maison en dur pour sa famille et paye les frais de scolarité pour ses frères et soeurs.
Au-délà de l'aide financière qu'il peut apporter, c'est avant tout beaucoup d'espoir qu'il apporte dans son village pour tous les jeunes issus de famille moins favorisées.[5]
« pour vivre une relation d'échange sincère, profonde et enrichissante. »
En étant aux côtés de ces paysans, ces enfants, ces familles philippines...je découvre tous les jours leurs sourires, l'harmonie, l'hospitalité, la douceur, l'attention, le respect, la foi qui caractérisent les philippins. Cela renvoie aux valeurs que j'ai moi-même envie de vivre au sein de ma famille, avec mes amis et dans notre société. C'est ainsi que je me sens porté par cette expérience de coopération.
« et avec Dieu. »
Mon projet de coopération répond aussi à un désir d'approfondir ma foi. Dans un pays à 85% catholique-pratiquant, vivant dans une communauté missionnaire, je n'ai donc pas pu éviter la question : tu en es où avec Dieu ?
Dans les moments difficiles que j'ai pu traverser (incompréhension linguistique, culturelle, doutes...), j'ai ressenti aussi sa présence qui m'a permis de garder confiance et poursuivre la route. Je sens aujourd'hui ma foi s'enrichir et je renouvelle le désir de continuer sur le chemin de Dieu. C'est ce qui a motivé mon engagement auprès des jeunes du diocèse de Cambrai pour les JMJ 2011.
« En attendant de se retrouver pour les JMJ »
Je serai ravi de vous partager cette expérience, je vous donne rendez-vous sur :
http://projet.philippines.free.fr.
Jean-Baptiste Pertriaux
Spiritan Community
Iligan Diocese
Luga-it PO Box 9025
Misamis Oriental
Philippines
00 63 (0)9 104 758 302
[4] Projet soutenu par PVDD – Pour un Vrai Développement Durable, basé à Lille – www.pvdd.asso.fr
[5] Projet d'école maternelle soutenu par « Enseignez là-bas », association de l'enseignement catholique – diocèse de Cambrai