Il est temps de terminer cette lettre.
Nous nous sommes donnés huit repères pour aimer mieux, aimer plus vrai, nous préparer à aimer longtemps :
– aimer sa vie,
– s'émerveiller d'être homme et femme,
– aimer son corps avec justesse,
– ne jamais faire de l'autre son objet,
– respecter le temps et les étapes de l'apprivoisement,
– découvrir dès maintenant le sacrement du mariage comme un don pour une mission,
– devenir plus responsables de sa fécondité,
– recevoir et servir toute vie comme un don de Dieu.
Ce sont des « repères pour vivre » parmi d'autres possibles !
Si nous les choisissons, notre vie dira quelque chose de la beauté de l'amour de Dieu ! Non pas avec des mots, mais avec nos gestes, nos actes, nos attitudes, nos choix d'hommes et de femmes. Assez libérés par le Christ pour ne pas craindre d'être différents, voire non conformes par rapport aux modes majoritaires d'aujourd'hui. Notre foi trouve sa joie en Lui par des choix de vie conformes à l'Évangile !
Oh ! Nous le faisons humblement : « Pour l'immense témoignage, nous avons si peu de dons » 1. Mais fermement : « Notre existence même a charge de Te montrer» .1
Il me reste à vous confier trois convictions qui, vous allez le voir, s'appellent l'une l'autre 2 :
1 ~ Pas de relations sexuelles sans amour
C'est pour cela que l'Église dit non à l'utilisation systématique du préservatif : elle manifeste une limite de la confiance en l'autre. Pourquoi ? Parce qu'elle permet de séparer l'exercice de la sexualité de la réalité d'un véritable amour partagé.
Mais il y a le drame du sida. Et toutes les maladies sexuellement transmissibles.
Nous savons comment le virus du sida se transmet : surtout par l'usage de la drogue et des pratiques sexuelles à risques. L'Église nous provoquera toujours à respecter sans limite ceux et celles qui vivent ces situations, mais elle ne renoncera jamais à nous appeler à vivre notre sexualité autrement, c'est-à-dire sans risquer la moindre transmission du virus et sans avoir besoin d'utiliser quelque préservatif que ce soit. Personne n'oubliera que l'Abbé Pierre s'est fait siffler pour avoir osé dire à la télévision que la fidélité conjugale et la continence étaient les meilleures parades contre le sida. Il a été courageux et vrai.
Cependant, si quelqu'un se sait séropositif, il n'a pas le droit de donner la mort. Autrement dit, s'il ne peut pas se passer d'avoir des relations sexuelles, il se doit de préserver l'autre d'un risque de mort, c'est évident.
2 ~ Pas d'amour vrai sans mariage
C'est pour cela que l'Église questionne la cohabitation. Même si nous savons bien qu'elle peut être vécue de bien des manières, y compris de manière respectueuse et responsable. Il reste que, sans mariage civil, de nombreuses jeunes mères se retrouvent du jour au lendemain absolument seules et souvent sans droits. Et puis, nous savons bien qu'une cohabitation plus ou moins prolongée peut priver de nombreux jeunes d'une authentique liberté quand vient l'heure du mariage civil ou religieux : ils ont vécu ensemble, ils ont acheté ensemble, ils ont emprunté ensemble, et ils se retrouvent mariés sans l'avoir vraiment choisi. Or, à l'heure de votre mariage, votre Église veut s'assurer que vous êtes vraiment libres : « Je te choisis comme époux – je te choisis comme épouse ». Il y va de la validité du sacrement !
3 ~ Enfin, pas de mariage sans famille
Je n'y reviens pas longuement puisque nous en avons déjà parlé. Mais il est évident qu'une des missions des époux est d'accueillir la vie, toute vie, quand elle vient et comme elle vient. Et si elle ne venait pas, pourquoi ne pas accueillir alors un ou plusieurs enfants venus d'ailleurs et qui ont besoin de parents et de bonheur ?
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Je voudrais enfin vous dire un mot sur le célibat. De plus en plus de jeunes souffrent d'un célibat qu'ils n'ont pas choisi : il est alors subi comme une contrainte et une épreuve douloureuse.
Mais il arrive aujourd'hui encore qu'il soit bel et bien choisi, pour le Christ ! Parce que le Christ l’a choisi pour lui-même. Parce que le Christ peut suffire largement pour combler un cœur d'homme ou de femme. Il devient le premier pôle organisateur d'une vie qui veut se donner tout entière à l'annonce de l'Évangile, que ce soit dans la vie consacrée ou dans le ministère ordonné. Ce choix, comme tout choix, comme celui du mariage, ne se vit pas sans épreuves, sans batailles parfois. Mais il est une très belle manière d'aimer et de servir. C’est en tout cas la manière d’aimer qu’a choisie le Christ. Dieu sait qu’elle est féconde ! Puissent quelques-uns (unes) d’entre vous la choisir. Elle n’est pas plus difficile à vivre que la fidélité dans le mariage !
Alors, bonne route à chacun !
Dans l'espérance de vous voir grandir dans la vérité qui rend libre et la passion d'aimer mieux.
Dans l'Amour pour notre Dieu « qui ne veut que notre bonheur ».
1 Guy Coq « Que m'est-il donc arrivé ? Un trajet vers la foi ». Seuil 1993, p. 20.
2 Cf. Mgr Jacques Jullien « Demain la famille ». Mame 1992, p. 170-178.
X François GARNIER

